Ce blog est une histoire, mon histoire. Il est aussi ma manière d'apprivoiser ce qui m'arrive actuellement.

Si vous arrivez en cours de route, je vous conseille de commencer par le tout début, comme dans toute histoire...
Personnellement, je n'en connais pas encore la fin!

Si vous êtes déjà venu, vous pouvez faire votre choix dans "Le récit pas à pas".

dimanche 22 février 2015

Coquette!

Le lundi 3 novembre, deuxième chimio de taxol,  j'entends Laurence, une maman, qui parle des ses enfants: ils ne se rendent pas compte du temps qui passe, des chimios qui restent. Je parle des bougies, de l'effet visuel. Elle saute sur l'idée directement et me dit qu'elle ira en chercher le soir même.

On vérifie les battements de mon cœur par une scintigraphie. Il faut s'assurer que tous les produits qu'on m'injecte sont supporté.
J'ai remarqué, moi, que mon cœur bat un peu plus vite qu'avant. Dans la vie de tous les jours, je suis vite essoufflée. Je me souviens qu'avant, je pouvais randonner des heures durant. Maintenant, je marche à la vitesse de l'escargot en peinant.

Un autre désagrément: j'ai des bouffées de chaleur terribles !!! C'est la ménopause anticipée. Je me réveille trempée, dans des draps mouillés. La journée, je sens la chaleur monter d'un coup, je sens la sueur perler... et je suis totalement impuissante. A part respirer, je ne sais rien faire d'autre. Enlever mon pull, mon écharpe,... M'éventer. Et cinq minutes plus tard, c'est déjà fini : j'ai froid !

Le mardi, je reçois un colis. Un colis avec des petits présents pleins d'amour ! J'ai chaud au cœur ! C'est le premier d'une saga familiale! 


MERCI TOUTE LA FAMILLE POUR CES PETITES ATTENTIONS, CES RAYONS DE SOLEIL!!!!

Une aide familiale vient pour m'aider à faire le ménage. En réalité, le mardi, je suis KO. Elle fait le ménage toute seule et je suis là, dans ses pattes... J'ai envie de faire plein de choses, mais mon esprit est trop lent et mon corps est trop lourd.
Depuis le début de cette « aventure », je suis dépassée par les tâches ménagères. Maman est déjà venue pour aider mais elle n'habite pas juste à côté. Albert est là aussi, bien sûr. Mais ça ne suffit pas. J'ai appris que la mutuelle avait un service d'aide à domicile dans les cas de longue convalescence.

Le mercredi, je me relève et je vais chercher du vernis à ongle : mon oncologue insiste pour que j'en mette pour les protéger. Si c'est un obligation, soit, mais alors, je veux des couleurs. Plein de couleurs. Et je veux pouvoir changer !
Je trouve d'autres façon de nouer le foulard... 


Je suis dégoûtée par l'odeur de viande cuite quand Albert cuisine.

Le vendredi, je suis un peu démoralisée... Mais nous allons dire bonjour à Robert. Il me dit :
« Il faut en profiter pour faire tout ce que tu n'aurais pas fait si tu n'avais pas eu ce cancer ! »
 Et ça, ça me remonte bien le moral !

Le dimanche 9 novembre c'est la journée des gratuits du SEL. Une dame m'interpelle et me parle de ce blog qu'elle lit, qu'elle suit; je reçois aussi des témoignages généreux de divers membres du SEL.
La journée des gratuits est une initiative du SEL'Ours. Le principe consiste à donner une 2è vie aux objets. Tout le monde est invité à venir dans la matinée donner ses objets propres et en bon état (livres, vêtements, vaisselle, électroménager, décoration, jouets,...). Le comité du SEL et des bénévoles trient ces objets, les classent par catégories et les installent sur des tables. L'après midi, les portes sont ouvertes et tout le monde (y compris ceux qui n'ont rien amené le matin) peut entrer, choisir les objets qui lui conviennent et repartir avec gratuitement.

Le lundi 10 novembre, troisième chimio,  je revois Laurence de la semaine passée à la chimio. Elle est enchantée par les bougies. Nous discutons. Nous sympathisons. 
"L'avantage" de cette nouvelle cadence hebdomadaire, c'est que nous voyons les mêmes têtes, nous pouvons demander des nouvelles de l'un, de l'autre...  

Le 11 novembre, le Moulin du Wez organise le barbecue de fin de formation. Nous y allons, les enfants, Albert et moi... On ne reste pas longtemps (le mardi je suis KO) mais suffisamment pour que ça me fasse du bien de revoir tout le monde. Même si, en même temps que de les revoir, je me sens « à côté ». Je ne suis plus dans le bain. Je ne sais plus ce qu'il s'y passe. Je suis « hors du temps »...

Le 12 novembre, je conduis Mara chez une psy, un soutien offert par la « fondation du cancer » pour les proches de patients. J'en avais parlé avec elle il y a quelques temps déjà parce que j'avais remarqué qu'elle avait perdu de sa « pétillance »... 

Le samedi 15 novembre, j'ai un gros coup de fatigue qui me tombe dessus, encore... Je ne vais pas à l'anniversaire surprise de maman, je n'en ai pas l'énergie du tout. Mais je lui téléphone quand même.

Le 16 novembre, je trouve des tutoriels de maquillage... Je décide d'assortir mon maquillage au vernis que je mets. Ou le contraire.

Le 17 novembre, quatrième chimio, j'oublie encore de prendre mes médicaments la veille. J'ai peur de réagir comme la première fois. Mais j'en parle directement et finalement tout se passe bien.
La fatigue s'accumule...
Je demande une trêve pour Noël et Nouvel-An. L'oncologue est d'accord mais seulement une semaine.
De retour à la maison, j'ai mal au foie, aux reins... Je mets une bouillotte dessus et ça me soulage. Je m'endors quelques heures...

Je me rends compte que j'oublie. J'oublie beaucoup : j'oublie mon rendez-vous au centre du bien être pour une séance de manucure et soin du visage. Me voilà complètement amnésique ! Je ne sais plus ce qui se passe, ni quand. Je ne sais plus ce que je dois faire. Je suis complètement décousue. A chaque chimio, c'est comme si j'avais une nouvelle peau, comme si j'oubliais ce qu'il s'était passé avant, comme si je redémarrais « une page blanche ». Je suis hors du temps, hors de moi même. Je n'arrive pas à attraper quoi que ce soit. Tout est déjà hors de portée quand je commence à réagir : je suis au ra-len-ti.
Je n'ai pas de semaines complètes. Au lieu de profiter d'une semaine de sept jours comme tout le monde, j'ai des semaines de trois ou quatre jours...

Je continue de perdre mes cils... Et en même temps, mes cheveux commencent tout doucement à repousser. Je sens encore la peau quand je passe la main sur mon crâne.

Le dimanche 23 novembre, je me fais grandement plaisir : sous le soleil, nous allons cueillir les nèfles. Et je m'empiffre ! Elles passent toutes seules ! J'adore !


Les nèfles sont des fruits "oubliés". Elles sont brunes, ont cinq noyaux. On les mange une fois blet, après les premières gelées. D'après Albert, elles ont un goût "d'absolu": "on ne sait rien leur ajouter, on ne sait rien leur retirer"... 


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